Le métro de Kyoto offre un voyage en soi. Déjà parce que le plan des lignes est, pour des yeux étrangers, aussi déroutant et semé de pièges que les entrailles de la pyramide de Khéops. Ensuite parce qu’on y croise en accéléré un large éventail des tribus urbaines de la capitale japonaise, incluant aussi bien des maikos en costume millénaire, des ados dont les looks semblent avoir été créés par des dessinateurs de mangas, des hommes d’affaires rigides et des jeunes femmes en jupes plissées d’écolières cultivant des airs ingénus. Le mystère japonais se déroule station après station, comme un film à la fois très contemporain et totalement hors du temps, dont on n’est pas vraiment sûr qu’il soit projeté à la bonne vitesse. Au début, on a peur d’être noyé par la foule. Mais très vite on se rassure : elle ondule, tournoie, évite avec fluidité, sans stress ni agressivité. Une foule japonaise : présente, évanescente et insaisissable.