Montcuq n’est pas seulement une localité de 1 800 âmes dont le nom a fait se gondoler de rire des milliers de visiteurs de passage. C’est aussi et surtout un joli village du Quercy blanc, avec place bordée de platanes et ruelles pavées, en même temps que l’illustration d’une vérité socio-géographique : dans ce bel hexagone, on aime bien glisser localement une petite incongruité qui permettra à coup sûr de faire la différence entre le gars du coin et celui d’la ville, l’initié du bocage et « l’estranger » d’où qu’il soit.
Car Montcuq, comme il se doit, se prononce MontcuQ, avec un Q final bien senti. C’est fort de cette connaissance du parler régional qu’on arrive à Saint-Cirq-Lapopie, quelques dizaines de kilomètres plus à l’est, réputé à juste titre pour ses demeures de pierre blonde et les vestiges de son fort seigneurial. Et on se ramasse comme un estranger : « On n’est pas au cirque ici », nous fait-on remarquer d’une répartie cinglante après qu’on a prononcé Saint CirQ… Le Q est aussi sonore à Montcuq qu’il est silencieux à Saint-Cirq…
L’Auvergne donne une autre illustration de cet art subtil de débusquer le « pasducoin ». On serait volontiers enclin à ne pas prononcer le S de Maurs-la-Jolie, localité du Cantal longtemps vantée pour ses foires. Eh bien non, il siffle ! À la différence de celui de Salers, de l’autre côté de la ville d’Aurillac, dont on ne présente plus la qualité des viandes bovines mais dont le S final se doit de rester au fond du gosier sous peine d’être rangé derechef dans la catégorie des non-initiés.
C’est comme ça. Après tout, il n’y a que des étrangers, allemands, anglais ou autres visiteurs, pour prononcer le S de Parissss, non ?