Le long de la côte nord-est de Madagascar, l’île Sainte-Marie et l’île aux Nattes forment comme un point d’exclamation. La longiligne Sainte-Marie est le trait ; le confetti insulaire de Nosy Nato le ponctue d’un point oblong. Sur ce minuscule îlot bordé de cocotiers, de lagons et de plages de cartes postales, la Case à Beby était (elle a malheureusement fermé depuis !) une boîte 100 % malagasy. L’une de ces discothèques de village en grande partie en plein air, où l’on vient faire la fête sans arrières pensées et où les touristes sont les bienvenus tant qu’ils se mèlent à l’ambiance sans chichis et payent quelques bières à droite et à gauche.
Sur ce lopin insulaire sans électricité, l’alimentation par groupe électrogène donnait lieu à quelques épisodes inattendus. Un 14 juillet, pour le bal du même nom (les Saint-Mariens ont gardé un certain attachement aux traditions exotiques de l’ancienne puissance coloniale), alors que la fête battait son plein, le groupe électrogène a mis fin aux déhanchements et au rythme du salegy dans un déchirant râle essouflé. Tsy misy lasantsy. Plus d’essence.
Tout le monde s’est assis sur le sable, quelqu’un y a dessiné un cercle, chacun y a jeté quelques billets. Un homme a ramassé le tout et est parti dans la nuit. On a discuté paisiblement jusqu’à son retour, une bonne demi-heure plus tard, en buvant des THB (la bière locale) tièdes. Il était parti en pirogue jusqu’à Sainte-Marie, pour revenir avec une bouteille d’eau en plastique remplie d’essence. Le réservoir du groupe électrogène a été promptement rempli et la fête est repartie d’un coup.
À Madagascar, on n’a pas toujours du pétrole, mais on a de l’énergie à revendre. « Il est bon de tomber, cela apprend à mieux marcher », dit un problème malgache.