Wild Tsavo

Severin Safari Camp Tsavo ©Olivier Cirendini

Au cœur du parc kenyan du Tsavo – qui fit parler de lui à la fin du XIXe siècle car ses lions avaient pris la fâcheuse habitude de dévorer les ouvriers construisant la ligne de chemin de fer entre Mombasa et le lac Victoria –, le Severin Safari Camp est une oasis de calme et de bonheur. Ici, pas de clefs. Dans chaque bungalow-tente, le voyageur trouve une torche, un recueil de textes contenant des citations de Out of Africa de Karen Blixen (« There is something about safari life that makes you forget all your sorrows and feel as if you had drunk half a bottle of champagne”) et un sifflet en cas de rencontres fortuites, lesquelles ne sont pas davantage précisées : hippopotame sous le lit ? Léopard dans la penderie ?

Ce soir, quelques gracieuses gazelles de Grant broutent devant ma terrasse et une girafe pointe le haut de son cou réticulé au-dessus des épineux. Après la tombée de la nuit, un interrupteur permet d’appeler un gardien massai armé d’un stick (il rigole lorsqu’on lui demande son utilité en cas de rencontre avec un fauve) pour aller jusqu’à la réception ou au restaurant. À l’heure du dîner, on repère un croco quelques dizaines de mètres devant le bungalow 17, au-delà du panneau stipulant de ne pas franchir ce point (dont on considère tout à coup l’utilité avec davantage de sérieux). Au matin, le saurien est statufié devant le 18.

Métro Kyotoïte

Détail du plan du metro de Kyoto © Olivier Cirendini

Le métro de Kyoto offre un voyage en soi. Déjà parce que le plan des lignes est, pour des yeux étrangers, aussi déroutant et semé de pièges que les entrailles de la pyramide de Khéops. Ensuite parce qu’on y croise en accéléré un large éventail des tribus urbaines de la capitale japonaise, incluant aussi bien des maikos en costume millénaire, des ados dont les looks semblent avoir été créés par des dessinateurs de mangas, des hommes d’affaires rigides et des jeunes femmes en jupes plissées d’écolières cultivant des airs ingénus. Le mystère japonais se déroule station après station, comme un film à la fois très contemporain et totalement hors du temps, dont on n’est pas vraiment sûr qu’il soit projeté à la bonne vitesse. Au début, on a peur d’être noyé par la foule. Mais très vite on se rassure : elle ondule, tournoie, évite avec fluidité, sans stress ni agressivité. Une foule japonaise : présente, évanescente et insaisissable.

Calme plat au pays du vent

Arrivée dans les TAAF par calme plat à bord du Marion Dufresne - © Olivier Cirendini

Le vrai patron, c’est lui. Invisible, omniprésent, le vent fait la loi sur les îles Kerguelen. Il y souffle au moins 300 jours par an à plus de 55 km/h, donne son nom à l’église de Port-aux-Français et serait parfois si fort que les cascades couleraient à l’horizontale. On ne compte plus les portes de voitures qu’il a arrachées – au point qu’elles sont équipées de chaines pour les retenir – et qu’on conseille aux nouveaux arrivés sur ces terres australes de se garer « vent debout ». Kerguelen lui devrait son absence d’arbres, et certains avancent que c’est du fait de sa violence qu’on trouverait sur l’île une mouche sans ailes, Anatalanta aptera. Le vol d’un si léger animal étant rendu impossible par les bourrasques, l’évolution l’aurait débarrassé de ces encombrants appendices… Ironie de l’histoire, ce jour là, le Marion-Dufresne, navire ravitailleur des Terres Australes et Antarctiques Françaises, avait atteint l’île par un calme plat total…

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