Métro Kyotoïte
Le métro de Kyoto offre un voyage en soi. Déjà parce que le plan des lignes est, pour des yeux étrangers, aussi déroutant et semé de pièges que les entrailles de la pyramide de Khéops. Ensuite parce qu’on y croise en accéléré un large éventail des tribus urbaines de la capitale japonaise, incluant aussi bien des maikos en costume millénaire, des ados dont les looks semblent avoir été créés par des dessinateurs de mangas, des hommes d’affaires rigides et des jeunes femmes en jupes plissées d’écolières cultivant des airs ingénus. Le mystère japonais se déroule station après station, comme un film à la fois très contemporain et totalement hors du temps, dont on n’est pas vraiment sûr qu’il soit projeté à la bonne vitesse. Au début, on a peur d’être noyé par la foule. Mais très vite on se rassure : elle ondule, tournoie, évite avec fluidité, sans stress ni agressivité. Une foule japonaise : présente, évanescente et insaisissable.
Calme plat au pays du vent
Le vrai patron, c’est lui. Invisible, omniprésent, le vent fait la loi sur les îles Kerguelen. Il y souffle au moins 300 jours par an à plus de 55 km/h, donne son nom à l’église de Port-aux-Français et serait parfois si fort que les cascades couleraient à l’horizontale. On ne compte plus les portes de voitures qu’il a arrachées – au point qu’elles sont équipées de chaines pour les retenir – et qu’on conseille aux nouveaux arrivés sur ces terres australes de se garer « vent debout ». Kerguelen lui devrait son absence d’arbres, et certains avancent que c’est du fait de sa violence qu’on trouverait sur l’île une mouche sans ailes, Anatalanta aptera. Le vol d’un si léger animal étant rendu impossible par les bourrasques, l’évolution l’aurait débarrassé de ces encombrants appendices… Ironie de l’histoire, ce jour là, le Marion-Dufresne, navire ravitailleur des Terres Australes et Antarctiques Françaises, avait atteint l’île par un calme plat total…
Une autre image du design scandinave
Aux portes du parc national norvégien du même nom, la décoration de la chambre 207 du Jostedal hotel est toute de simplicité scandinave – bois blanc, spots, mobilier fonctionnel – mais est réhaussée de deux photographies, encadrées au mur, qui en font toute la saveur. Visiblement le fait d’un photographe amateur, elles représentent celle que l’on imagine être la jeune fille de la maison sur fond de paysage du glacier voisin, en été si l’on en juge à sa tenue : petit short vert, haut de maillot de bain, croquenots de randonnée et chaussettes à l’avenant. Il en émane un bonheur plein de fraîcheur scandinave qui fait envie par sa simplicité et sa candeur. Le service de l’hôtel – réception, ménage, petit déjeuner – est par ailleurs assuré par trois jeunes femmes si proches dans leur physique – chevelure blond paille et franc sourire – qu’on en vient à se demander si elles sont réellement trois ou s’il s’agit de la même personne – celle de la photo ? – qui change simplement de T-shirt, arborant du rouge pour faire les chambres, du bleu pour servir les petits déjeuners et du vert à la réception.